Il
y a deux ans, ils sont partis du pied des tours de l’abbatiale de
Wissembourg, espérant, en trois tronçons d’une semaine, atteindre
l’extrémité méridionale des Vosges alsaciennes en y ajoutant la
traversée du Jura alsacien. En ce mois de mai 2014, les courageux
marcheurs du Club vosgien de Wissembourg ont fini par atteindre le but
qu’ils s’étaient fixé.
Cela faisait longtemps qu’un petit groupe de randonneurs du Club
vosgien de Wissembourg rêvait de traverser les Vosges alsaciennes, de
la frontière nord jusqu’à Belfort. Pour des questions de calendrier, il
avait été décidé de scinder le parcours en trois tronçons d’une
semaine chacun.
Un jour de 2012, ils ont quitté Wissembourg et mis le cap plein sud
pour atteindre Rosheim. En 2013, c’est à partir de la gare d’Obernai
qu’ils sont partis rejoindre Moosch dans la vallée de la Thur.
Il ne leur restait plus qu’à parachever leur périple jusqu’à Belfort en
y rajoutant la traversée du Jura alsacien voisin. Dimanche 11 mai
dernier, enchaînant les parcours en train et tram-train, le groupe a
rallié Wesserling près de Thann. Un soleil de bon augure accompagnait
ce nouveau périple.
De Wesserling, le chemin gagna vite de l’altitude pour arriver au col
des Perches, mais entre-temps, le soleil avait fait défaut, laissant
place à une série d’averses orageuses, bientôt mêlées de quelques
flocons de neige avec en prime des coups de tonnerre menaçants.
L’arrivée au refuge des lacs de Neuweiher où il était prévu de faire
étape a ainsi été un vrai soulagement.
Le lendemain, la pluie dès le matin les a poussés à ressortir vestes,
imperméables et parapluies à peine secs. Équipés de pied en cap (e),
ils ont entamé cette seconde étape passant par le sommet du Ballon
d'Alsace et aboutissant à Malvaux près de Giromagny. Au sommet du
Ballon d'Alsace, le groupe a été pris dans une tempête de grésil — le
vent violent projetait les petits morceaux de glace au visage et sur
les mains des marcheurs. Il leur a fallu traverser tout le sommet du
Ballon pour trouver du réconfort dans une belle salle bien aménagée et
chauffée.
Des cantiques à l’abbaye
Dans la descente du Ballon d'Alsace vers Malvaux, la découverte des
magnifiques cascades du Rummel et du Saut de la Truite a vite fait
oublier les déconvenues de la matinée. Après une nuit réparatrice, les
marcheurs wissembourgeois ont entamé le dernier tronçon de cette
traversée des Vosges, près de 28 kilomètres à parcourir pour rallier le
centre de Belfort en passant par le fort Dorsner de Giromagny.
À l’arrivée à Belfort, l’aventure n’était pas pour autant terminée,
puisque le groupe s’était fait fort de traverser également le Jura
alsacien. Quittant Belfort, c’est en train et en bus qu’ils ont rallié
Ferrette.
À travers les collines et les vallons verdoyants du Haut Sundgau, il
s’agissait de rejoindre l’ancienne abbaye de Lucelle à la frontière
Suisse. Au passage, des pauses au village de Bendorf et au château de
Morimont ont permis de pénétrer plus avant ce mystérieux Sundgau ; le
temps ne s’étant pas franchement rétabli, vestes et capes étaient
toujours à portée de main.
Dans le vénérable site de l’abbaye de Lucelle, l’accueil chaleureux du
chanoine Diss, le maître des lieux, a redonné du courage aux marcheurs
trempés et pleins de boue. L’avant-dernière étape a permis de rallier
le village Lutter en passant par les mythiques sources de l’Ill à
Winkel et par le Glaserberg, haut lieu de la préhistoire et merveilleux
point d’observation sur toute la région. La dernière étape s’est faite
sous le soleil, donnant au Sundgau tout son relief et mettant en valeur
ses petits villages pittoresques. Tout y respire le calme et la
sérénité ; au milieu du bourg coule un petit ruisseau, à tous les coins
de rue, près de belles et ventrues maisons à colombages, de multiples
fontaines distribuent généreusement une eau rafraîchissante.
Le point fort de cette journée restera le passage à l’abbaye de
Mariastein. Après avoir admiré le bel intérieur baroque de l’abbatiale,
les randonneurs, devenus pèlerins pour quelques instants, se sont
rendus dans la crypte. Dans ce lieu empreint de beaucoup de mysticisme,
des membres du groupe ont entonné quelques cantiques appropriés qui ont
encore augmenté l’émotion de cet instant magique.
La richesse des rencontres
De retour en France, du haut de l’imposant donjon du château de la
Landskron, les marcheurs ont goûté les derniers instants de leur
aventure en contemplant au loin la ligne bleue des Vosges, le
moutonnement des collines sundgauviennes, la ville de Bâle, la
Forêt-Noire, le Jura suisse et bien sûr les Alpes.
Quelques mètres encore et voici la gare de Leymen, fin du périple. On
rassemble ses bagages et déjà, l’on se souvient des moments forts de ce
voyage. On aura connu des instants pleins de joie, d’autres plus
pénibles, mais personne n’oubliera l’accueil chaleureux des gérants du
camping de Bendorf, qui ont insisté pour réchauffer d’un bon feu et
d’une tasse de café un groupe de randonneurs trempés et transis.
Ce n’est pas le nombre de kilomètres parcourus, ni les dénivelés avalés
qui font la richesse d’un tel périple, mais bien plus, les rencontres
effectuées, les petits gestes, les petits riens, telle une tasse de
café valant son pesant d’or lorsqu’elle est offerte avec autant de
gentillesse que de générosité.
Le diaporama de la traversée
Le topo complet par Marianne Deck